Le Champ d’honneur national du Fonds du Souvenir, à Pointe-Claire, est seul est le seul cimetière à vocation exclusivement militaire au Canada. Il est situé à Montréal – à Pointe-Claire, en fait – mais il est pratiquement inconnu ici.
Le Champ d’honneur national du Fonds du Souvenir a été consacré en 1930. C’était la suite logique de l’oeuvre entreprise 21 ans plus tôt par Arthur Hair.
Cet immigré britannique, vétéran de la guerre des Boers, s’était donné en 1909 la mission d’assurer une sépulture décente aux anciens combattants qui mouraient désargentés. Après un siècle d’existence, le Fonds du Souvenir, dont le siège social se trouve toujours à Montréal, a ainsi aidé près de 150 000 anciens combattants.
En 2009 encore, le Fonds du Souvenir a reçu 13 285 demandes d’aide, dont 1692 ont reçu une réponse positive.
Vétérans… de Waterloo
L’ancien combattant qui reçoit cette aide financière est inhumé à l’endroit de son choix. Toutefois, dès ses débuts, le Fonds du Souvenir a fait l’acquisition de terrains aux cimetières Notre-Dame-des-Neiges et Mont-Royal.
Près de 800 militaires y ont été enterrés avant que la place vienne à manquer, ce qui a entraîné la création du Champ d’honneur, à Pointe-Claire. En 1944, on y a transféré 1797 sépultures du cimetière militaire britannique Papineau, situé au pied du pont Jacques-Cartier et laissé à l’abandon depuis le départ des troupes anglaises, en 1869. On y trouvait même quelques tombes de vétérans des guerres napoléoniennes. Les pierres encore lisibles ont été disposées autour d’un obélisque commémoratif.
Quelque 20 400 personnes sont inhumées au Champ d’honneur, dont 15 000 anciens combattants – chacun peut y enterrer un proche. «Récemment, on a enterré des gens de Halifax, de Vancouver, de la Californie, de la Floride, de l’Arizona, de Terre-Neuve… énumère Éliane Francoeur, conseillère principale aux communications du Fonds du Souvenir. Plusieurs vétérans veulent reposer près de leurs compagnons d’armes.»
Dès l’ouverture du Champ d’honneur, en 1930, les pierres tombales, plutôt que dressées, ont été couchées à la manière des cimetières militaires européens. Son plan initial, avec ses allées rectilignes et ses ronds-points, a toujours été scrupuleusement respecté, ce qui lui a valu d’être désigné Lieu historique national en 2009.
«C’est comme un jardin, dit Guy Rousseau, directeur régional pour le Québec du Fonds du Souvenir, lui-même ancien militaire. Et il n’y a pas de réservation, les enterrements se font en séquence. Un général peut être enterré à côté d’un simple soldat.»